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3 questions à se poser avant de rencontrer ses parents biologiques

famille biologique

Rencontrer ses parents biologiques pour la première fois n’est pas anodin. Souvent, cela se produit des années après la séparation et peut avoir des conséquences sur la suite de notre vie. Il me semble important de s’être posé les « bonnes » questions avant.


⚠ Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !


Mon expérience personnelle
Jocelyn Le Guen
Premier retour au Brésil (2017)

Je n’ai moi-même pas eu l’occasion de revoir mes parents biologiques… sachant qu’il n’y a aucune information sur mon acte de naissance, ainsi que dans mon dossier désarchivé. J’ai ressenti un fond de tristesse mais en même temps, je n’étais pas étonné. Je n’avais jamais eu ce sentiment « urgent » de devoir retrouver mes parents biologiques. C’est sans doute pour ça que j’ai commencé à ne m’y intéressé qu’à mes 27 ans.

Cet article se base, en partie, sur mon expérience personnel, associative et professionnelle : Les adoptés qui ont pu revoir leur famille biologique m’ont raconté leurs ressentis et ce que ça a changé chez eux. Certains disent apprécier le fait d’avoir repris contact avec leur famille d’origine alors que d’autres disent le regretter amèrement…

Pour ces derniers, nous nous sommes rendu compte que le moment de cette rencontre était peut-être prématurée. La plupart reconnaissent qu’ils ont été absorbés par un désir fort et idéalisé de retrouvaille, leur ôtant tout raisonnement critique.

Je trouve alors important de faire cet article, posant 3 questions principales qui peuvent structurer et assainir les motivations personnelles.

1) Pourquoi voir mes parents biologiques ?

famille biologique

Souvent, on veut voir ses parents biologiques pour savoir de qui l’on tient et expérimenter le reflet génétique.

Mais aussi pour leur poser cette question délicate : « Pourquoi vous m’avez abandonné ? »

Elle doit être amenée avec finesse, au moment propice, parce qu’elle réveille des souvenirs émotionnellement forts chez les parents biologiques.

Il faut donc comprendre qu’il n’est pas toujours facile pour eux de s’exprimer verbalement lorsqu’on est encore chamboulé par les retrouvailles et « mis au pied du mur ». Cela dit, si la question doit être posée, elle le sera.


Rares sont les parents qui ont abandonné de gaieté de cœur. Et si c’est le cas… réjouissez-vous d’avoir été adopté !


La raison pour laquelle vous voulez revoir vos parents biologiques doit être « saine ». C’est-à-dire qu’elle doit apporter quelque chose de bénéfique à chacun qui permettra l’épanouissement personnel.

Je dis ça parce que certains peuvent être motivés par une raison « malsaine ». Une raison qui tend vers la revanche comme : montrer à quel point ils ont été « stupides » de vous abandonner, leur faire regretter cet acte…

La colère est lié à ce sentiment d’avoir été trahi. Un bébé fait une confiance aveugle en celle qui l’a mis au monde. Cependant, cette confiance se perd lors de la séparation. La blessure primitive est marquée en mémoire implicite et prédispose cette colère chez l’enfant adopté. Même si sa mère n’avait pas le choix, l’enfant reste dépendant d’elle qu’importe les conditions ; il comptait sur elle. Certains enfants adoptés en veulent à leur mère biologique de les avoir abandonné, jusqu’à l’âge adulte parfois.

Sur une base colérique, on ne peut rien construire de serein. Il vaut mieux en parler à un professionnel pour travailler dessus.

Une raison plus saine de rencontrer ses parents biologiques s’exprimerait donc ainsi : « Simplement pour voir de qui je tiens, apprendre à les connaître, à les comprendre et à créer un lien si affinité. « 

Bien sûr, il y a fort à parier que vous ressentirez quelque chose de fort, dans les premiers temps, qui créera un lien particulier avec ces « inconnus » si familiers pourtant. Mais là encore… le ressenti est propre à chacun.

2) Comment vais-je me sentir si ça ne se passe pas comme je l’aurais imaginé ?

adoptée du Brésil

On a souvent une vision fantasmée des retrouvailles entre les enfants adoptés et leurs familles biologiques : des cris de joie, des pleurs, de longues embrassades, etc. Et c’est comme ça dans les meilleurs cas.

Dans les autres, les retrouvailles peuvent être plus pudiques, moins expressives, voire « gênantes ».

Ceci s’explique par le choc des cultures et la différence de classe sociale. Si vous avez eu la chance d’atterrir dans une famille occidentale moyenne, voire aisée, votre famille d’origine venant des bidonvilles du tiers-monde va inévitablement le sentir.

Une adoptée du Brésil m’avait raconté que les retrouvailles avec sa mère et sa sœur biologique étaient plutôt froides et qu’elle se sentait plus considérée comme une attraction par les gens du village, du fait de sa bonne condition physique et de son habillement.

Il arrive aussi que certaines familles abordent la question financière rapidement.

Avec recul, c’est humain s’il n’y a pas de connexion particulière hélas… mais une opportunité de vivre plus dignement. Ces gens sont comme nous et cherchent à vivre une vie meilleure. Cependant, vous ne devez pas vous sentir forcé à donner de l’argent par peur de les perdre. Il est important que vous vous sentiez à l’aise au sein de votre famille de sang.

Donc imaginez :

Si vos retrouvailles sont froides, que vous n’avez pas les réponses ou l’attention que vous recherchiez, que vous vous rendez compte que vous apparaissez comme un porte-monnaie potentiel aux yeux de votre famille biologique, qu’elle ne souhaite pas vous rencontrer, ou encore… que vous apprenez qu’il ne reste plus personne de votre famille biologique qui soit en vie… comment réagiriez-vous ?

Si votre réponse ressemble aux suivantes : « Je péterais un câble. », « Je les tuerais ! (sauf dans le dernier cas) » ou « Je ne m’en relèverais pas. » Sachez que vous attendez beaucoup trop de cette rencontre.

Si au contraire, vous vous sentez choqué(e) ou perturbé(e) sur le moment mais que vous arrivez à prendre du recul, que vous remarquez sincèrement que cela ne change rien à votre vie, et si vous vous voyez la reprendre normalement, considérez que vous avez « bien » répondu à cette deuxième question.

Bonus : Suis-je capable de m’en relever ? Si oui, comment vais-je m’y prendre ?

adopté d'Afrique

Si vous ne vous sentez pas capable de vous en relever, reconnaissez-le dans un premier temps. Prenez le temps nécessaire pour ressentir avec recul l’anéantissement que provoque cette éventualité en vous, simplement pour reconnaître votre fragilité et d’en prendre soin.

Puis dans un deuxième temps, rappelez-vous qu’en dehors d’être un enfant adopté, vous êtes un individu, probablement adulte. Vous avez des qualités et vous avez su mener votre vie  jusqu’ici avec ses épreuves. Vous avez accompli certaines choses et vous pouvez en être fier(e).

Préparez des alternatives qui vous aideront à vous ressaisir. Rappelez-vous qui vous êtes. Prenez confiance en vous.

Si ceci vous semble compliqué, un travail personnel vous attend. Vous pouvez le faire seul par rapport aux nombreuses ressources que vous avez sur ce blog ou en vous faisant accompagner par un professionnel pouvant comprendre la problématique de l’adoption. J’en fais partie si vous voulez qu’on échange, c’est ici.

3) Suis-je prêt à me lancer dans cette quête ?

Adopté du Vietnam

Rechercher ses parents biologiques peut être une longue quête. Certains savent qu’ils en ont pour plusieurs mois, voire plusieurs années.

Cela demande du temps et parfois de se lancer dans un combat administratif. Celui de votre pays d’adoption en plus de votre pays d’origine dans certains cas.

Envoyer un courrier puis attendre la réponse… se rendre à l’administration d’ici, puis celle de là-bas… Investir dans un voyage (votre « retour aux sources »)… Trouver les personnes ou moyens pouvant vous aider à rencontrer vos parents biologiques, s’ils sont encore en vie, etc.

Cependant, ça peut être rapide si vous avez des noms et adresses sur votre acte ou dans votre dossier de naissance. Pour les autres, cela implique d’être motivé et persévérant. Pensez-vous l’être ?

Voici quelques pistes pour commencer vos recherches :

Le CNAOP

La MAI

L’AFA

L’EFA

Ainsi que l’association dans laquelle j’ai été responsable de l’antenne Rennes :

La Voix Des Adoptés

Vous trouverez également de nombreux groupes Facebook, concernant la Voix des Adoptés, qui vous permettront de poser des questions aux personnes ayant déjà fait les mêmes démarches que vous.

Conclusion :

Si vous avez réussi à fournir des réponses « saines » à ces 3 questions, il y a de fortes chances que votre quête soit satisfaisante.

Certains aspects peuvent être plus difficiles à assimiler que d’autres. Il vous faudra alors prendre quelque temps pour une introspection afin de vous lancer dans de meilleures conditions.

Si vous voulez entamer un travail personnel ou avoir plus de réponses pour vous éclairer, contactez-moi ici.

Jocelyn Le Guen

Prenez soin de vous.

Jocelyn Le Guen


Mots clés : enfant adopté, parents biologiques, famille biologique, quête des origines, adopté, retrouver ses origines

Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/3-questions-a-se-poser-avant-de-rencontrer-ses-parents-biologiques/

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