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Comment gérer l’anxiété quand on est adopté ?

Adoptée de Colombie

L’anxiété est un ressenti que les adoptés connaissent bien. Cependant, il peut épuiser à terme. Comment apprendre à la gérer ? Issue d’un traumatisme lointain, elle peut être apaiser avec du travail personnel une fois adulte. Nous le voyons dans cet article.


⚠ Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !


L’anxiété :

adop

C’est une émotion désagréable, destinée à nous préparer à d’éventuels dangers.

“d’éventuels” donc imaginaires.

Les études en neurosciences ont montré que notre cerveau ne fait pas de différence entre le réel et l’imaginaire. Donc si vous imaginez un événement « stressant », vous allez devenir stressé(e) et votre corps va produire toutes les réactions liées au stress : muscles tendus, état d’alerte, ralentissement de la digestion, etc.

Pour diminuer ce stress, vous allez penser à comment gérer le même problème s’il se présente à nouveau. Le mental fait alors tout pour trouver les dizaines voire milliers de stratégies à mettre en place. Conscients que nous ne pouvons pas anticiper tous les dangers, un stress latent restera en permanence pour être préparer : C’est l’anxiété.

Quand est-ce que l’anxiété a commencé ?

adoption enfant

Selon les recherches sur les conséquences psychologiques liées à l’adoption, notre rencontre avec l’anxiété a commencé après la séparation avec la mère biologique. C’est un traumatisme qui inflige un stress conséquent au nouveau né et qu’on appelle la blessure primitive.

L’enfant vit un choc (stress) et peut garder alors la marque de ce moment douloureux dans sa mémoire implicite (émotionnelle).

L’anxiété résultante de ce stress va, le plus souvent, se manifester sous 3 formes :

  • Le premier étant de veiller à ce qu’un tel choc ne se reproduise pas avec quelqu’un d’autre (les parents adoptifs en l’occurrence). Il faut donc anticiper tout danger éventuels pouvant survenir.
  • Le deuxième étant de rester en alerte pour ne pas rater le retour de la mère biologique de laquelle on a été séparé.
  • Le troisième est de rester vigilant à ne pas perdre les êtres qui nous sont chers (parents adoptifs et proches).

Ce traumatisme est digéré de différentes manières selon les profils. Certains bébés vont être « faussement » calmes puisqu’ils seront encore en état de choc, tandis que d’autres vont être très agités.

Par la suite, de nombreux événements peuvent exacerber cette empreinte émotionnelle. Ils peuvent être anodins à première vue, mais vécus comme déchirants pour l’enfant adopté.


Le terrain sensible de l’enfant adopté peut les rendre plus fragiles à des situations anodines : des parents qui partent en vacances et laissent leur enfant chez les grands-parents adoptifs, l’enfant se perd dans les rayons d’un supermarché et a peur de ne plus jamais être retrouvé par ses parents, un enfant adopté à qui on dit une fois de trop « non » lorsqu’il demande de l’attention ou qui n’arrive pas à se détacher de ses parents lors du couché, etc.


Certains parleront de la blessure d’abandon ou de rejet. Pour un adopté, c’est un traumatisme qui fragilise tous les domaines de son monde affectif, en plus de ne plus avoir de reflet génétique. On l’appelle donc la blessure primitive.

enfant adopté

Avec le temps, l’enfant adopté grandit avec son anxiété au point de ne plus la remarquer à l’âge adulte. Ce qui est présent de façon « discrète » et en permanence devient habituel.

La personne adoptée peut alors se définir ou se construire en fonction de cette anxiété liée à son premier traumatisme.

L’émotion d’anxiété sera alors très présente par instinct de survie et pour se sentir en sécurité. Chaque changement dans l’environnement ne doit avoir aucun lien avec quelconque situation de rejet ou d’abandon : ce qui est difficile.

Quels comportements l’anxiété engendre et comment y remédier ?

Concernant les enfants :

parents adoptifs

En premier lieu, il est essentiel que l’enfant adopté soit au courant de son adoption. Sinon, sa quête identitaire sera plus difficile et risque de lui créer plus de dégâts psychiques, ainsi que des rapports davantage compliqués avec sa famille.

En tant que parents adoptifs, nous devons être plus attentif à ce qui stresse notre enfant. Il est plus sensible que la moyenne aux marques de rejets et d’abandon, ce qui est normal avec la blessure primitive.

Concernant les adultes :

Trois comportements se distinguent par leur récurrence. Je les rencontre chez les personnes adoptées qui viennent en cabinet et les ai moi-même vécus.

Paralysie de l’analyse / Sur-analyse :

adoptée du Brésil

Souvent, la plupart des adoptés qui réfléchissent au sens de leur vie sont « intelligents », voire haut-potentiels (HP) ; ils sont créatifs, observateurs, cultivés, perspicaces, « clairvoyants », etc.

Cependant, ils ont plus de mal à avancer concrètement dans leur vie que la plupart des gens. Ils réfléchissent beaucoup mais agissent peu : c’est la paralysie analytique.


La paralysie de l’analyse peut être aussi la conséquence d’une généralisation : des projets annoncés avec assurance et pourtant vite abandonnés. Nombres d’adoptés commencent un projet et ne parviennent pas à l’aboutir. Sinon, s’y projettent beaucoup mais ne le commence jamais. L’abandon d’un de nos projets, dont on a même parfois parler à son entourage, est vu comme un échec. Le piège est alors de faire une généralité sur nos projets futurs en fonction de ceux qu’on a abandonnés par le passé : Comme aucun n’est allé jusqu’au bout… nous développons la peur de l’échec qui empêche de passer à l’action. Par conséquent, c’est un auto-sabotage qui entraîne, au fil des années, une baisse d’estime de soi.


Envisager de nouveaux projets est naturel et permet de s’épanouir dans notre vie. Alors que faire lorsqu’on les informations « fusent » dans notre tête et nous font douter ?


Mon conseil : écrivez vos peurs. L’écriture est thérapeutique dans ces cas-là. Lorsque vous vous sentez mal et que vous « ruminez », il faut écrire tout ce qu’il y a en vous, sans tabou. Quand ce qui est dans votre tête sera posé sur le papier (ou dans le PC), vous retrouverez un recul et une clarté d’esprit.


Développez votre confiance et votre amour propre. Vous pouvez y arriver seul à force de bienveillance envers vous-même. Vous pouvez également vous faire accompagner par un thérapeute pouvant vous apprendre à utiliser des outils concrets pour vous y aider, dont quelques uns présents ici.

Etat d’alerte permanent :

anxiété alerte

À force de se sentir en permanence anxieux, vous chercherez d’où le danger pourrait arriver. Donc, vous regarderez là où il n’est « pas encore »…

Il vous faudra alors scruter chaque geste, paroles de vos interlocuteurs ainsi que chaque changement environnant. Votre « mantra » inconscient dit : « Il faut être prêt. »

On pourrait croire que vous êtes dans le moment présent alors qu’en réalité, vous construisez un passé qui a existé pour vous, dans un futur qui n’existe pas encore.

À la longue, ceci créera un sentiment de « décorporation » ou « perchage », puisque le cerveau, saturé de cette vigilance constante, se reposera en se « déconnectant » : vous ne vous sentirez plus dans le présent mais souvent ailleurs. Vous aurez du mal à suivre une conversation simple, à être à ce que vous faites… comme si la réalité ne vous intéressait plus finalement.

Ce n’est pas être rêveur puisque ce n’est pas un choix de votre part. C’est être fatigué.


Mon conseil : travaillez sur vos croyances. Une première question à vous poser serait « Quel est le risque si je ne fais pas attention à [quelque chose à quoi vous avez l’habitude de faire attention] ?« . Ensuite, demandez-vous si c’est vraiment grave. Si vous voulez aller plus loin, demandez à votre entourage si c’est grave pour eux aussi et intéressez-vous aux réponses qui sont différentes de la vôtre. Mettez-vous à leur place et imaginez leur état d’esprit. Vous aurez une toute autre vision du monde et une raison de vous détendre.


Si cet exercice qui relève de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) vous semble compliqué et que vous voulez aller plus loin, vous pouvez réserver une séance avec moi ici.

Complexe de perfection :

adopté du Brésil

Le complexe de perfection est le fait de complexer, consciemment ou inconsciemment, de ne pas être parfait et donc, de tout faire pour l’être. Ainsi toute critique positive ou négative sera prise très à cœur.

Certes, notre anxiété peut permettre de compenser nos fragilités en développant nos talents au maximum : Chaque détail est observé dans le but de bien faire les choses, dans le but d’être irréprochable et donc, aimé des autres.

Si l’on est aimé, nous ne pouvons pas être rejeté ou abandonné. Une croyance tyrannique se développe à peu près comme ceci : « N’est digne d’être aimé que ce qui est parfait. »

Ceci est particulièrement visible dans le cadre professionnel et les relations sentimentales.


Mon conseil : acceptez que vous méritez l’amour et la douceur, même en étant imparfait. Vous voyez de nombreuses personnes imparfaites qui sont aimées de leurs paires ou d’un(e) partenaire. Vous en êtes donc digne vous aussi. Apprenez à être votre meilleur(e) ami(e) afin de réduire votre anxiété progressivement et en toute situation.


L’estime de soi peut se travailler seul. Cependant, si cela vous semble plus facile à dire qu’à faire, vous pouvez vous faire accompagner par un professionnel qui vous guidera dans ce travail, dont quelques une de leurs spécialités présentes ici.

Conclusion :

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’anxiété…

Le traumatisme d’origine peut être apaisé progressivement si vous acceptez de prendre du recul par rapport au passé et d’être votre meilleur allié.

Votre blessure primitive fait partie de votre histoire mais elle ne doit pas l’orienter obligatoirement. Vous avez un pouvoir et une responsabilité dessus.

Après avoir compris ceci, à vous de mettre en place toute action visant à être bienveillant avec vous-même. Chercher le danger partout ne sera donc plus une priorité, mais votre bien-être à l’instant présent, si.

Si vous voulez que je vous aide, vous pouvez réserver une séance avec moi en cliquant ici.

Jocelyn Le Guen

Prenez soin de vous.

Jocelyn Le Guen


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