Adopter, aimer, attendre : témoignages de la lente naissance d’un lien
J’ai préféré faire une page répertoriant des témoignages de parents adoptifs, afin d’être bref mais représentatifs des réflexions personnelles liées aux problématiques de la post-adoption.
️ Halina – “De la découverte à l’amour : comment mon fils adopté a trouvé sa place”
« Il y a un peu plus d’un an, nous avons accueilli dans notre famille un petit garçon de trois ans. À son arrivée, il parlait à peine, appelait tout le monde « tonton », et découvrait tout avec des yeux émerveillés. Les deux premiers jours, il s’est amusé à allumer et éteindre chaque lumière de la maison, comme si c’était un jeu extraordinaire.
Les débuts ont été éprouvants. Il se montrait agressif parfois, et dehors, il portait tout à la bouche comme s’il découvrait le monde avec ses sens. Il n’avait aucun intérêt pour ses jouets, ni pour les dessins animés que l’on pensait lui plaire.
Aujourd’hui, il vient de fêter ses quatre ans. Il s’exprime avec une aisance incroyable – la maîtresse de maternelle nous a même dit que son langage est remarquable pour son âge. Il chante, il danse, il fait des blagues… Il rayonne. Ce chemin n’a pas été facile. J’y ai mis tout mon cœur, toute mon énergie. Et pourtant, quand il me serre dans ses bras et me dit « je t’aime », je ressens au plus profond de moi que c’est mon fils. Et que je l’aime d’un amour immense. »
️ Victoria : “Il m’a dit : Dommage que ce ne soit pas toi qui m’aies donné naissance”
Il y a dix ans, nous avons adopté un petit garçon de trois ans. À son arrivée, il était extrêmement craintif, sursautait au moindre bruit, et sa maigreur m’avait bouleversée. Mon mari et moi avons tout fait pour l’entourer de chaleur, d’attention et de tendresse, même si, honnêtement, les premiers temps ont été un vrai défi pour nous deux.
Et puis, un jour, alors qu’il avait six ans, il s’est tourné vers moi et m’a dit avec une sincérité désarmante :
“C’est dommage que tu ne sois pas celle qui m’a mise au monde… Mais tu sais, t’es la meilleure maman du monde.”À ce moment-là, j’ai compris que tous les efforts, toutes les nuits d’inquiétude, tous les ajustements… tout ça en valait la peine. Rien que pour ces mots-là, la vie prend tout son sens.
️ Maë : Adolescence, conflits et tendresse : le combat d’une mère adoptive
Ma fille a aujourd’hui 18 ans. Je l’ai adoptée lorsqu’elle n’avait que six mois. Elle souffrait de nombreux problèmes de santé, et son parcours scolaire n’a jamais été simple. L’adolescence, quant à elle, a été une véritable épreuve – au point où j’ai sérieusement envisagé de demander un placement temporaire en centre éducatif spécialisé, juste pour souffler un peu.
Mais malgré toutes nos disputes, elle n’a jamais prononcé ces mots qui auraient pu me briser : “Tu n’es pas ma vraie mère.” Jamais. Et ça, ça veut tout dire.
Derrière ses crises, ses maladresses et ses provocations, je voyais une jeune fille profondément sensible, pleine de douceur et d’amour, même si elle avait bien du mal à l’exprimer. Éduquer un enfant est une aventure exigeante… Élever un enfant adopté l’est encore davantage. Mais cet amour-là, construit au fil du temps, reste l’un des plus puissants que j’aie connus.
️ Émilie : De l’effondrement à la reconstruction : le chemin d’une adoption bouleversante
Nous avions déjà deux petits garçons, âgés de trois et cinq ans, mais au fond de moi, j’ai toujours rêvé d’avoir une fille. Après plusieurs essais infructueux pour tomber enceinte, mon mari et moi avons pris la décision d’adopter.
En France, nous avons rencontré une petite fille de deux ans, avec de magnifiques taches de rousseur et de grands yeux bleus qui vous captivent. Nous avons entamé les démarches, signé les papiers… et c’est là que tout a commencé.
L’arrivée dans notre famille a été un vrai bouleversement. Elle hurlait, pleurait, rejetait tout. Le jour du vol vers Londres, elle était si paniquée que les douaniers ont exigé qu’on leur montre les documents d’adoption. Je me suis sentie démunie, et plusieurs fois, j’ai pensé : “Mais qu’est-ce qu’on a fait ?”
À la maison, ce n’était pas plus simple. Elle était perdue, en colère, arrachée à son pays et à ses repères. Mais petit à petit, les choses ont changé. Nos enfants ont commencé à l’inclure dans leurs jeux, et peu à peu, elle a trouvé sa place.
Aujourd’hui, cette petite fille est devenue une femme. Et elle a elle-même adopté un enfant. Je n’aurais jamais imaginé un tel retournement de vie – et pourtant, c’est bien elle qui, désormais, tend la main à son tour.
Geneviève : Adopter des enfants marqués par la carence : un quotidien bouleversant
J’ai quatre enfants adoptifs. À l’âge de quatre ans, leur développement correspondait à celui d’enfants de deux ans. Tout était nouveau pour eux : la cuisine, la serpillière, la louche, la machine à laver, le canapé, le chat. Ils n’avaient jamais connu tout ça. De tous les fruits et légumes, ils connaissaient uniquement les concombres, les pommes, les bananes et les oranges. Le seul jeu qu’ils pratiquaient était de tomber à genoux et d’aboyer, mordre et cracher. Ils ne connaissaient que la couleur rouge. Pour eux, le ciel, l’herbe et tout le reste étaient rouges. Maintenant, ce sont des enfants ordinaires. Avec leurs bizarreries, oui. Mais qui n’en a pas ? Surtout quand on est ados. C’est difficile, mais ces enfants ne vont pas suivre les traces de leurs parents biologiques et c’est déjà formidable.
Marie-Annick : Quand l’amour d’une mère adoptive ne suffit pas
J’ai toujours voulu être mère. Pas simplement avoir un enfant, mais créer un lien profond, durable, qui traverse toute une vie. J’ai adopté un petit garçon, et pendant dix-huit ans, j’ai tout donné : mon amour, mon énergie, mon temps. Je l’ai élevé comme mon propre fils, avec tout ce que cela implique de joies, de peines, de renoncements parfois.
Mais un jour, il m’a regardée dans les yeux et m’a dit : “Je ne suis pas ton fils.” Puis il est retourné vivre chez sa mère biologique.
Ce moment a brisé quelque chose en moi. Si j’avais su que l’histoire se terminerait ainsi, je ne suis pas sûre que j’aurais eu la force de me lancer dans l’adoption. Ce n’est pas que je regrette de l’avoir aimé — c’est que je ne m’étais pas préparée à être rejetée de cette façon.
Lydia : Adopter une petite fille en colère : un chemin vers l’espoir
Mon mari et moi avions déjà deux garçons, âgés de trois et cinq ans, mais nous rêvions d’avoir une fille. Comme je n’arrivais pas à tomber enceinte, nous avons décidé d’adopter. En France, nous avons rencontré une petite fille de deux ans, avec de jolies taches de rousseur et des yeux bleus incroyables. Nous avons rapidement réglé toutes les formalités pour l’accueillir.
Mais son arrivée a été un vrai choc. La petite n’était pas du tout prête à quitter son pays et sa famille d’origine. Elle pleurait tout le temps, hurlait même à l’aéroport quand nous l’avons emmenée à Londres. Sa peur était si grande que les douaniers ont demandé à voir nos papiers d’adoption. À la maison, rien n’allait mieux. Elle était perdue, en colère, refusait de s’attacher. Plus d’une fois, je me suis demandé : “Qu’est-ce qu’on a fait ?”
Pourtant, avec le temps, les choses ont changé. Nos enfants ont commencé à jouer avec elle, elle a doucement trouvé sa place parmi nous. Aujourd’hui, cette petite fille est devenue une femme forte, et elle a elle-même adopté un enfant. Cette expérience difficile a fini par se transformer en une belle histoire de vie, pleine d’espoir et de résilience.
Sources : Parent.fr
D’autres témoignages sont à venir…