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Pourquoi retrouver sa famille biologique est si important ? (Le reflet génétique)

reflet génétique

De nombreux adopté(e)s expriment, dans des groupes de paroles, sur les forums et réseaux sociaux, leur besoin de retrouver leurs parents biologiques. Dans leurs propos, une sorte d’urgence se fait parfois ressentir. L’absence du reflet génétique est l’une des explications qui nous dit pourquoi revoir sa famille biologique est si important. Cet article s’adresse à tous.


⚠ Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !


Le reflet génétique, qu’est-ce que c’est ?

Le reflet génétique est le fait de partager des caractéristiques héréditaires avec nos parents. Elles peuvent être physiques : avoir les mêmes yeux que sa mère, le même sourire que son père, la même carrure que son grand-père… de même entre frères et sœurs.

Au-delà des ressemblances physiques : de la couleur des yeux par exemple, il y a le fait d’avoir la même façon de regarder, expression de visage ou façon de bouger (mimiques ou tics) que nos parents biologiques… Ces petits actes inconscients et spontanés sont ancrés de génération en génération au sein de la famille.

Cependant, même si le reflet génétique manque, ça ne veut pas dire que son absence empêche les adoptés d’établir un autre type de connexion avec leur famille d’adoption. Certains ressentent au contraire une relation fusionnelle avec leurs parents adoptifs.

Pourquoi le reflet génétique est-il important ?

reflet génétique

Pour un être humain, le reflet génétique est un repère permanent au sein de la famille. Il confirme, de façon spontanée et inconsciente, l’appartenance génétique avec les parents ou la fratrie ; c’est se reconnaître instantanément en l’autre.

Pour un bébé :

Face à sa mère biologique, le bébé va s’harmoniser (ou s’accorder). Ses expressions de visage vont se caler facilement aux siennes. Il y aura ce lien naturel que toute mère biologique peut vivre avec leur(s) propre(s) enfant(s)… qu’elle soit maternelle ou pas. Une connexion qui se fait de façon spontanée et qui prouve, au fond de chacun, que l’un fait partie un peu de l’autre.

Face à une mère adoptive, le bébé a plus de mal à s’harmoniser, et certaines le sentent même. Il y a un effort à faire pour s’accorder à l’autre : ce n’est pas spontané, et parfois un mal-aise de fond peut être ressenti. C’est d’ailleurs parce que l’adulte ignore son propre mal-aise qu’il est ignoré chez le bébé.

Un bébé a besoin d’un reflet génétique pour s’apaiser. C’est pour cela que certains sont souvent agités : ils sont perturbés par la séparation avec leur mère d’origine et ne savent comment s’adapter à la nouvelle.

Pour un adolescent :

adopté

Ce type de mal-aise se prolonge généralement jusqu’à l’âge adulte.

L’adolescence n’est pas la période la plus facile pour les enfants comme pour les parents… Elle est la plus « questionnante » sur notre identité. Elle peut être déprimante pour certains, conflictuelle pour d’autres.

Malgré tous les efforts déployer par certains adoptés pour se conformer à leur famille adoptive, la sensation de différence peut devenir plus grande encore : Nous cherchons quelqu’un à qui nous référer mais « pour de vrai » cette fois-ci. Car à force de s’adapter constamment aux autres, nous avons encore plus le besoin de connaître quelqu’un, sur cette terre, avec qui nous n’avons pas d’effort d’adaptation à faire.

Il arrive parfois qu’on ait la chance de rencontrer ces personnes dans notre vie. Pas forcément de manière génétique, mais partageant les mêmes opinions ou habitudes que nous. Nous sommes apaisés lorsque nous sommes avec elles puisque nous n’avons plus cette pression d’être inadapté ou mauvais. Tout ceci s’en va et nous exprimons une partie de nous-même que nous exprimons peu avec nos parents ou aux autres… Cette partie est plus proche de notre Vrai Moi.

L’inconvénient est que nous avons tendance à nous raccrocher à la personne en question, comme si elle devait combler tous nos besoins. La blessure primitive est « à découvert ». Ce qui engendre souvent des relations passionnelles ou toxiques, et des ruptures douloureuses à l’adolescence.

Pour un adulte :

adopté adulte

Pour un adulte, il est possible de ne pas savoir qui on est, que ce soit à 20 ans comme à 50 ans.

La société encourage à plus de consommation. Elle normalise la course au prestige social ou à la reconnaissance que l’on peut trouver dans le travail, la consommation de drogues, les relations éphémères, l’individualisation qui tend vers une liberté, souvent illusoire, toujours plus grande etc.

De plus, un train de vie bien rempli peut détourner des questions introspectives, par exemple : un travail prenant (+35h/semaine), des enfants, etc.

Parmi ces nouvelles conditions de vie, la quête d’un(e) partenaire nous ressemblant reste la même qu’à l’adolescence. Le sentiment d’incomplétude peut rester le même également, se manifestant de diverses manières : course à la performance puisqu’on se sent pas assez bien, pas assez « similaire » à la société. Et/Ou auto-sabotage des domaines importants de notre vie par conviction inconsciente de ne pas les mériter.

En résumé :

Comme tout être humain, on cherche nos semblables pour fuir un sentiment d’incomplétude.

Voici un livre sur 5 blessures émotionnel qui peut aider (voir l’ouvrage de Lise Bourbeau).

Pour les personnes issues de l’adoption comme moi, ce désir de recherche accru se remarque pour certains lors de la réouverture des dossiers d’adoption. Ils deviennent alors plus déterminés à retrouver leur famille biologique pour retrouver un sentiment d’équilibre personnel.

Pourquoi la notion de reflet génétique est mal comprise ?

adopté famille

Le reflet génétique est une notion incomprise puisqu’elle est prise pour acquis dans les familles biologiques, étant présente dès la naissance : Une mère avec les mêmes traits génétiques, qui peuvent s’accorder et avec laquelle on peut être direct et spontané. Puis même chose pour le père, puis le frère ou la sœur, etc.

C’est une connexion qui est ressentie et ne peut être expliquée. Les personnes issues de familles biologiques n’ont même pas conscience qu’il serait possible d’avoir vécu sans puisqu’ils ont toujours eu l’habitude d’avoir vécu avec.

Pour vous représenter la situation :

Demandez à quelqu’un, de nature confiante, de vous expliquer pourquoi il a confiance en lui. Il aura du mal à vous l’expliquer puisque c’est une attitude naturelle chez lui qui s’exécute sans qu’il en ait conscience.

Il est difficile pour ceux qui ont toujours vécu avec leurs parents biologiques (même pour certains professionnels de la psychologie) de comprendre ce que c’est de ne pas avoir de reflet génétique.

Un adopté ressent le manque de reflet génétique :

reflet génétique

Il ne sait pas ce que c’est d’avoir de reflet, à part le sien dans la glace. Du coup, certains n’ont même pas conscience qu’un reflet génétique leur manque et ont, pour certains, en permanence le sentiment indescriptible d’être inadapté.

Me concernant :

Je n’en étais moi-même pas conscient avant de m’y intéresser. J’ai donc compris cet effort d’adaptation, à la longue épuisant, que je faisais face à chaque personne que je rencontrais. Je réfléchissais bien à mes phrases et à ma façon de les dire, de peur qu’on me fasse comprendre que j’étais « trop différent ». Je croyais que cette préparation était propre à tout le monde.

Quelle est la différence entre ce qui est inné et acquis ?

Ce qui appartient aux gènes est inné : ils servent à prouver que des individus font partie de la même famille, du même patrimoine génétique.

Ce qui est acquis, l’est par imitation : tout être humain s’adapte à son environnement et se lie aux siens pour assurer sa survie. Par conséquent, une adaptation est faite par l’enfant adopté pour faire partie de la famille.

Certains adoptés maîtrisent l’art de l’adaptation puisqu’on peut dire qu’ils suivent un entrainement intensif depuis le berceau. Surtout quand ils sont motivés par l’envie de retrouver une « fusion originelle » avec leurs proches en s’intégrant au maximum à la famille adoptive, et par la peur de se retrouver abandonné(e) de nouveau.

Ils reproduiront donc « artificiellement » le reflet génétique sans le ressentir pour autant.

À force, cette capacité à s’adapter devient acquise. Nous ne nous rendons même plus compte que nous nous adaptons systématiquement. Hélas, nous avons toujours le sentiment de ne pas avoir réussi à s’adapter à 100%… alors nous nous remettons en question, déprimons, nous sentant inadaptés et incomplets de nouveau.

« C’est comme venir d’un autre puzzle et de vouloir à tout prix se clipser avec les pièces du nouveau puzzle. On en a envie de toutes nos forces ! Et on a l’impression d’y être arrivé… D’ailleurs, les autres croiront que nous nous y serons intégrés. Alors que s’ils regardent de plus près, s’ils analysent, ils verront comme nous… qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Vouloir se clipser dans le puzzle d’origine et retrouver notre place devient presque vital tout d’un coup. »

– Une adoptée

À condition d’être prêt(e) :

Si vous voulez voir votre reflet génétique, il faudra voir votre famille biologique. Or, tous les adoptés ne sont pas forcément préparés à cette rencontre.

Mais si c’est votre ambition, il faut vous préparer psychologiquement : savoir que la famille d’origine peut être complètement à l’opposé de ce que vous êtes aujourd’hui. Lorsqu’on est adopté d’un pays lointain, le choc culturel peut ramener à cette sensation d’être inadapté de nouveau. Ceci peut amener à des désillusions sévères.

J’en parle dans l’article : https://www.sadoptersoi.com/pourquoi-retrouver-ses-parents-biologiques-ne-resout-pas-toujours-tout/

Conclusion :

Être obsédé par « savoir qui on est », quand on l’ignore, c’est compréhensible.

Évidemment, je rappelle aux adopté(e)s « pressé(e)s » que le reflet génétique n’est pas ce qui va réparer tous leurs maux. Un minimum de travail sur soi permet de mieux préparer une rencontre avec la famille biologique si elle a lieu.

Si vous vous sentez perdu(e) et que vous voulez en parler dans le cadre d’une consultation avec moi, vous pouvez me contacter à Jocelyn@sadoptersoi.com

Jocelyn Le Guen

Prenez soin de vous.

Jocelyn Le Guen


Mots clés : enfant adopté, parents biologiques, famille biologique, quête des origines, adopté retrouver ses origines

Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/pourquoi-retrouver-famille-biologique-est-important-reflet-genetique/

7 réflexions sur « Pourquoi retrouver sa famille biologique est si important ? (Le reflet génétique) »

  1. Très bon article! Merci de nous faire partager tout cela ! Tu m’aides beaucoup. 🙂

  2. Effectivement, c’est très important d’avoir des gens auxquels on peut s’identifier. Depuis que j’ai retrouvé ma famille biologique, j’arrive à comparer les gens entre eux (oh, il ressemble à sa mère ou plus à son père..) . Auparavant, il m’était impossible, je ne voulais rien voir, rien savoir. Mon mari dernièrement, m’a fait remarqué que j’avais les mêmes traits (automatismes, attitudes …) que ma mère biologique alors qu’on vit l’une et l’autre séparées, de l’autre côté de la planète.

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