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Comment savoir si on prêt à rencontrer sa famille biologique ? (5 signes)

retrouver ses parents biologiques      

Revoir sa famille biologique n’est pas un acte anodin, c’est même le projet de toute une vie pour certains adoptés. Dans cet article, j’explique 5 indicateurs qui montrent que nous sommes prêts à la rencontrer.


⚠ Cet article est principalement inspiré du travail de recherche de Nancy Newton Verrier, psychologue clinicienne et mère adoptive. La touche personnelle est issue de mon expérience en tant qu’adopté moi-même, et des personnes que je rencontre en consultation en tant que psychopraticien. Chaque sujet englobe une généralité sans pour autant la conditionner ; l’humain étant complexe, chaque vécu est différent. Je vous invite donc à prendre du recul puis ne garder que ce qui vous parle. Bonne lecture !


1) Avoir anticipé les différents scénarios  :

retrouver parents adoptifs

Autrement dit, nous sommes prêt à être surpris, agréablement comme désagréablement. Quand on part retrouver sa famille biologique, on s’imagine un scénario presque idyllique ; de la joie, des pleurs et embrassades au moment des retrouvailles. J’aimerai que ça soit comme ça pour nous tous mais ce n’est pas le cas.

Certaines mères ou familles biologiques sont idéalisées par les adoptés. N’ayant jamais vu de visage auquel s’identifier de façon génétique, nous aurons tendance à avoir de «  belles  » attentes. Or la réalité peut être toute autre. La plupart des mères de naissance qui ont décidé l’adoption, l’ont fait parce qu’elles étaient pauvres ou ne pouvaient assumer leur enfant à cause de leurs conditions de vie, que ce soit pour des raisons matérielles ou au niveau de la santé.

Un ami (adopté) m’a raconté l’enthousiasme qu’il avait quand il a découvert qu’il avait une grande famille biologique et qu’il allait la rencontrer. Une fois sur place, il se rendit compte que ses frères et sœurs étaient en mauvais termes et habitaient à plusieurs endroits différents du pays. Le père n’avait plus vraiment de rapport avec eux et la mère vivait dans un quartier pauvre avec une partie des frères et sœurs restants. Bref, la famille était morcelée. C’était un peu une surprise au début mais il a su l’accepter peu à peu.

Il est donc important de s’attendre à tout, car «  ne s’attendre à rien  » est une illusion. Nous nous attendons forcément à quelque chose lorsque nous sommes sur le point de rencontrer ceux qui partagent le même sang que nous.

2) Être conscient de notre blessure  :

blessure primitive

On a été marqué plus fortement que la moyenne par la blessure de rejet et d’abandon puisque nous sommes marqué par la blessure primitive. Certains adoptés l’ont très bien géré tandis que d’autres y sont encore sensibles. Être conscient de sa blessure primitive, c’est comprendre qu’elle pourrait nous faire agir de façon inappropriée à tout moment.

Par exemple, elle génère un inconfort au quotidien dans notre rapport au travail, aux autres, etc. Il est fort probable que nous cherchions à l’apaiser par l’urgence de retrouver notre famille biologique, vue comme un moyen de s’évader.

Il faut aussi être conscient que nous aurons possiblement une tendance à redevenir un enfant face à notre mère biologique, comme si on voulait rattraper le temps perdu. C’est une réaction humaine lors des retrouvailles. Nous pouvons profiter de ces émotions riches et intenses mais rappelons-nous que nous sommes toujours adulte.

La mère peut aussi avoir ce comportement «  régressif  » dans le sens où elle sera émotionnellement replongée au moment où elle était jeune et venait de nous mettre au monde. C’est comme si, ensemble, nous conjurons le mauvais sort du passé.

Dans le cas contraire, ce sera du déni (voir article consacré). Il nous empêche de reconnaître notre mère biologique comme notre vraie mère, puisque c’est « elle » qui nous a abandonné. Cette réaction de notre part est égoïste puisqu’elle considère que nous sommes les seuls à avoir souffert de la séparation, alors que nous ne sommes pas seuls, notre mère aussi peut l’avoir vécu. Je le développe dans les prochains points.

3) Accepter que la mère biologique partage notre blessure  :

www.sadoptersoi.com

Parfois, une mère biologique peut ne pas vouloir revoir son enfant. Cette décision de sa part peut être mal vécue par nous. Nous avons le droit de lui en vouloir mais nous devons aussi garder de l’empathie pour elle.

Plusieurs témoignages de mères de naissance ont finalement montré qu’elles prenaient ce genre de décision parce qu’elles n’étaient toujours pas parvenues à surmonter le sentiment fort de culpabilité qui les avaient marqué profondément au moment de l’abandon… se sentant toujours indignes de revoir l’enfant qu’elles ont abandonné.

Il se peut aussi que certaines mères restent dans le déni  : « L’enfant a été abandonné, on ne peut plus revenir en arrière. » C’est un moyen de défense par rapport à l’émotion forte qu’est de se séparer de la chair de sa chair et surtout de ne pas savoir comment réparer un tel acte. La blessure psychologique est là, dans l’inconscient, mais ne peut être surmontée.

Ce qui nous lie et nous liera toujours :

Un lien qui ne peut ne pas être changé entre notre mère biologique et nous, est celui du sang. Après l’intervention de notre père biologique, c’est dans la chair de votre mère que nous avons pu nous développer durant 9 mois, elle nous a mis au monde et c’est avec elle que nous avons partagé nos premiers moments dans le monde «  extérieur  ».

Quoi qu’on en dise, nous n’avons jamais été aussi proche d’une personne, même si certains aimeraient ne pas y penser. C’est symbolique et tout à fait normal en tant que mère biologique, d’avoir été blessée par la séparation. Et si nous en avons l’occasion, il est fortement recommandé de renouer le contact afin d’être en harmonie avec ce passé en commun.

4) En avoir parlé avec nos parents adoptifs  :

parents adoptifs

Certains parents adoptifs, surtout les mères, peuvent comprendre l’importance du lien génétique qu’il y a entre une mère et son enfant. Puisqu’elles auraient elles-mêmes aussi aimé le vivre avec leur enfant adopté.

Il y aura donc deux réactions possibles des parents adoptifs :
  1. Soit un soutien encourageant dans les démarches de leur enfant adopté.
  2. Soit une crainte d’abandon de la part de leur enfant adopté. Ce qui peut pousser à ralentir ses démarches ou détériorer les rapports.

Même vos parents adoptifs peuvent vivre la blessure d’abandon puisqu’elle est propre à l’être humain… (voir article consacré)

Parents adoptifs ouverts :

Il est normal que nos parents adoptifs ne soient pas indifférents à nos recherches. C’est une quête de nous-même, dans laquelle ils nous voient, nous, leur enfant certes adopté mais leur enfant quand même, évoluer au fur et à mesure que nous avançons. C’est une recherche que nous ne pourrons pas garder que pour nous-même. Si nos parents s’y intéressent, ne nous braquons pas. Détendons-nous, ils sont juste curieux.

Pour ceux qui n’ont pas vécu notre situation, il y a un coté mystique et parfois fascinant ; voir quelqu’un qui n’a jamais connu ses parents biologiques partir à leur recherche. De plus, si un de nos proches entamait un tel projet, je pense que nous aimerions être tenus au courant de ses avancées.

Parents adoptifs fermés :

S’ils évitent le sujet de l’adoption, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas résolu un conflit passé avec eux-même ; peut-être une blessure de leur enfant intérieur. Et pour des raisons qu’ils ne savent exprimer, ils resteront secrets vis à vis d’elle. C’est donc plus une incapacité qu’un manque de volonté. Une réaction en chaîne de notre part va alors se produire : L’ego va faciliter le déni, qui va bloquer la communication, qui va entraîner des incompréhensions, puis interprétations (souvent mauvaises), puis des conflits…

Que faire alors ?

Parler ouvertement de ses craintes et de ses attentes, autant d’un côté que de l’autre, facilitera grandement les rapports et le déroulement des choses. Ceci demandera de se mettre à nu  et de se montrer tel que nous sommes face à l’autre. Ça demande un grand courage face à nos peurs d’enfant intérieur, mais c’est adulte.

Ce n’est pas parce qu’un adopté va retrouver sa famille biologique qu’il abandonnera sa famille adoptive. De même qu’une famille adoptive ne devrait pas considérer cette envie de retrouvaille comme une trahison. Plus chacun aura parlé de ses besoins, plus l’harmonie sera présente.

Si malgré ça, vous arrivez à un désaccord, alors vous devez prendre conscience que vous faites cette démarche de recherche pour vous-même. Chercher d’où on vient est une façon de prendre en main son avenir.

5) Après l’aller, être capable de gérer le retour :

Pendant les retrouvailles, certains adoptés sont “aux anges”. Tout va bien durant cette « ré-union ». Puis, vient le moment de partir. C’est une seconde séparation douloureuse de leur familles biologiques pour certains adoptés. Le retour au pays d’adoption devient lourd. Surtout quand la famille biologique habite à l’étranger.

Parfois les moyens de communication ne sont pas les mêmes et nous n’avons plus ce rapport direct en face à face. Il s’agira donc de gérer une relation à distance. N’oublions pas que notre mère biologique ressentira également un manque.

Comme certains cas peuvent être vécus comme une seconde séparation, il est bon de se rappeler que les conditions actuelles sont différentes : Nous avons enfin retrouvé notre famille biologique (preuve qu’elle existe bel et bien) et nous pouvons encore communiquer avec eux grâce aux réseaux sociaux (ou par téléphone) ; c’est l’avantage du 21ème siècle. À nous de maintenir les rapports à distance, c’est une manière adulte de considérer ceux avec qui nous sommes proches.

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Il est également normal, dans les premiers temps, de garder souvent le contact. Un peu à la manière des adolescents dans leurs premières histoires amoureuses. Ce genre de relation s’équilibrera au fur et à mesure.

Il est bon de ne pas parler que d’émotions. D’alterner progressivement avec des sujets de la vie quotidienne, qui sont plus légers Et SURTOUT, de ne pas parler QUE de soi. Nous devons prendre le temps de nous intéresser à notre mère biologique également. Elle a une vie et peut-être des « rêves » aussi. Pareil pour les autres membres de la famille.

Ce sont ces petites choses qui nous rapprocheront réellement et feront que nous aurons une place dans l’amour de l’autre de façon durable.

Dans le cas contraire :

Certains adoptés prétendront qu’ils iront voir leur famille biologique juste par curiosité. Ils sont venus puis repartis comme si rien n’avait changé dans leur vie, sans donner de nouvelles à leur mère de naissance, prétendant qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire.

mère biologique

En agissant de cette façon, il laisse derrière eux une mère perplexe ou encore plus blessée. En effet, nous ne sommes pas seul dans cette histoire… Notre mère de naissance peut peut-être avoir dépensé beaucoup d’énergie pour surmonter toutes ses émotions qu’elle n’a pas pu gérer au moment de l’abandon. Elle fait alors un grand pas en avant pour nous. Pourquoi ne pas vouloir le lui rendre ?

Nous pouvons prendre conscience qu’une telle froideur vis-à-vis d’elle est peut-être un comportement de déni. Certains adoptés ont d’ailleurs une loyauté biaisée envers leurs parents adoptifs. Ces derniers ont été vus comme leurs sauveurs. Ceux qui les sauvaient d’une fin tragique et de l’abandon définitif. Ils sont donc considérer comme les seuls guides auxquels faire confiance. Nous imaginons bien les sentiments de ces adoptés à l’égard de leurs mères d’origine : rancune, froideur, mépris, prétextant l’indifférence, etc.

Cette loyauté est biaisée, dans le sens où les parents adoptifs pourraient être une bonne « cachette » pour ne pas avoir à affronter ce qui nous travaille réellement, traduisant notre rapport passé « irrésolu » envers notre mère biologique.

Sinon, ça peut être une façon de montrer à la mère ce que ça fait d’être abandonnée à son tour : « Je te fais ce que tu m’as fait. » Ces ressentis ne sont parfois pas conscients. Nous sentons juste quelque chose en nous qui fait que nous ne voulons pas prendre contact avec elle. C’est un sentiment très fermé, comme si nous évitions quelque chose, et c’est très infantile…

Ce n’est donc pas un comportement adulte que d’être dans une tentative d’évitement et c’est également égoïste de notre part. Nous ne pouvons pas avoir provoqué un tel chamboulement dans la vie de personnes et repartir comme si de rien n’était. Nous sommes en face de personnes ressentant également des émotions fortes vis à vis de nos comportements. Nous n’aimerions pas vivre la même chose si nous étions à la place de notre famille biologique.

Donc, prenons les choses en main et communiquons, comme avec nos parents adoptifs, afin de mieux connaitre l’autre.

Conclusion :

Il est bon de savoir gérer nos émotions face à l’autre, et de façon adulte. Pour retrouver ceux à qui nous nous identifions génétiquement, il ne faut pas nous laisser dominer par des émotions lointaines et apprendre à faire la part des choses.

Même si nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêts que notre famille biologique, nous partageons quelque chose que nous ne partageons avec personne d’autre ; les gènes ou les « liens du sang ». Et ce, autant d’un coté que de l’autre. Nous avons donc une responsabilité dès le moment où nous franchissons le pas d’aller à la rencontre de l’autre.

Si vous avez des questionnements ou que vous ne vous sentez pas prêt(e) mais que vous voulez faire cette rencontre, laissez-moi un message à jocelyn@sadoptersoi.com

Jocelyn Le Guen

Prenez soin de vous.

Jocelyn Le Guen


Mots clés : enfant adopté, parents biologiques, famille biologique, quête des origines, blessure primitive

Recherches utilisées pour trouver cet article : https://www sadoptersoi com/comment-savoir-si-on-pret-a-rencontrer-sa-famille-biologique/

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